Femmes
Souvent croisées
Parfois rencontrées
Elles venaient comme des fleuves
Sur la terre du corps.
Les félines miaulaient
Leurs désirs cachés
Comme miaule une portée
Au fond d’un trou
Et se drapaient de sueur
En faisant les yeux doux.
Le ventre mordu
Par le poison
Les belles pointaient
La fierté de leurs seins
Au ciel du plafond.
Quand des nuages gris
Venaient ombrager leur front
Elles cherchaient les mains
De la déraison
Et leurs jambes audacieuses
Encerclaient le feu.
Puis
Elles s’en allaient
Sourire aux lèvres
Et
La sève apprivoisée.
**
Sa nudité ruisselait
Comme une source
Sur la roche du désir.
Nous mélangions
Le cours d'eau
Dans le lit de la chair
Et
Quand mordait son regard
Dans les fruits du jour
S’apaisaient les blessures.
**
Sable parsemé
Poussières d’étoiles sur son front.
De la prairie de son ventre
Jaillissaient des fleurs assoiffées
Et les algues de ses cheveux
Respiraient la mer et ses trésors.
Sous l'arche des nuits
Sa poitrine frémissait
Quand les doigts du sel
Effleuraient ses mamelons
Et les serpents de ses jambes
S’enroulaient autour du désir.
Le boucanier jetait l’ancre
Dans la baie de sa vulve.
**
Elle était italienne
Brune était sa peau
Bruns étaient ses yeux
Et ses cheveux.
Dans le vent de son regard
Fleurissaient la folie et la passion.
Les fruits de sa poitrine
S’offraient au soleil
Et ses extrémités défiaient
L’ombre des chemins.
Nous vivions nus sur la pierre
Comme des lézards
Nous fumions la musique
De nos corps entrelacés.
Nous vivions
Loin des hommes
Avec les silences
Et les chants de la mer.
C’était une petite maison
Au bord d’une falaise
Dans le Sud marocain
Une vie au ralenti
Une respiration suave.
Et
Quand les nuits
Se faisaient fraîches
Sa chair
Comme un grand feu.